(tel un amant épris de jalousie)
je lis ton courrier
j’écoute aux portes ;
parfois il me semble que tu t’en aperçoives et pourtant tu te tais
je consigne ce que tu as lu
ce que tu aimerais t’offrir ;
si je n’étais si souriant, si cool, tu pourrais me prendre pour un agent de la Stasi
aussi je connais tes flirts
les indiscrètes questions que tu te poses :
je me garde bien de tenir un secret et préfère planter des pancartes devant ta fenêtre afin de te faire comprendre que je sais (mais tu t’en fiches)
quand tu chuchotes
je braille à l’aide d’un porte-voix :
les vendeurs affluent
labourent (de promiscuité) ton jardin
si tu le souhaitais je pourrais te montrer les empreintes que tu laisses dans la neige
la carte des chemins parcourus
les sicaires tapis dans le décor
les émotions prédictives
…
la traque continuera même après ta mort :
rien n’épuise un algorithme
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tu lances des fleurs dans la nuit
telles des armoires
pries pour que tout advienne
alors que l’oubli s’est oublié lui-même
tu es un prophète sans téléphone
avec dans les poches des ficelles des nœuds
c’est un amour évadé de sa bouteille
un châle perdu dans une gare
tu cites des proverbes n’ayant jamais vu la mer, des oiseaux hors du paradis, tu laves la pluie, t’endors dans ta chemise
pas de commencement ni d’azur cabré
tu parles une langue ancienne
aussi morte que ton cœur
tu aimerais le macchabé qui remonte la rivière, qui s’agrippe aux barreaux, celui qui hante le château, dévore sa dépouille
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le capitalisme de surveillance s’apparente à l’organisation d’un « flash mob » à l’échelle de la planète ; la voix off des téléréalités -dans les années 2000- fut la mesure annonciatrice de cet événement