mercredi 23 septembre 2020

Dystopie 23

Sous les effets conjugués de la surpopulation, de l’opportunisme et du lucre, les gouvernements se radicalisent. Les tyrans ayant pris le pouvoir, personne ne bronche lorsque le plus fort de la meute annexe le voisin. Dans un mouvement similaire et afin de ne pas être les dindons de la farce, tous procèdent de la sorte. Les anciennes colonies redeviennent des prés carrés. L’esclavage, bien que ce substantif soit inusité, rétabli. La terminologie « protection des peuples amis » fabrique du ralliement.

mercredi 19 août 2020

Le trophée


arcboutée à la renverse
des vagues
sur une bouée fluo
gonflable
-la chevelure ravinée de sable de sel-
elle lance
-sur l’embarcation de plastique-
une jambe
échoue
présente l’autre, se ravise ;
agrippe une poignée près de l’oreille de l’animal
se hisse
rampe de guingois
&
expose éhonteusement son fessier

ô soleil ô estivants


à Félix Vallotton, elle offre la pareille : L’Enlèvement d’Europe par Zeus déguisé en taureau sauf qu’ici pas de puissant mammifère de couleur blanche mais un cacatoès aux plumes criardes :
quelques grammes -de pétrole- métamorphosés en oriflamme sur laquelle se juche -ô concordance des temps- une déesse callipyge


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fenêtre

mer qui pépie qui piaille
qui mange ses oiseaux
les enfournant dans de grands sacs
qui picore sa jambière
qui pétille où fraye le vif argent des écailles d’or des poissons catapultés par le soleil
qui gazouille

m’épuisant à lutter contre le cuir des vagues
dussé-je nager jusqu’à l’horizon
je n’ouvrirais nulle volière

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jeudi 14 mai 2020

Ermite ornemental

Afin d’agrémenter son ordinaire (et plus précisément la vue depuis son salon), un excentrique anglais (pléonasme ?) eut l’idée (lumineuse ?) d’incorporer à son jardin un être vivant pour gambader, folâtrer dans les herbes folles, les campanules.

{comme un sauvageon

ou

un animal des bois qui n’aurait pas eu l’indélicatesse de migrer sous d’autres latitudes

-dans le jardin d’à-côté par exemple-

 ou de se cacher impunément au moindre bruit émis}  

Charles Hamilton passa une petite annonce. Un vieux misanthrope y répondit. Ce dernier n’avait rien de particulier à faire, si ce n’est de vaquer à ces inopportunes occupations, de ne parler à quiconque, de se comporter comme s’il fût seul sur Terre et que la nourriture lui tombât du ciel. 

Avec ses guêtres, il farfouillait la forêt limitrophe. Se postait à l’orée de celle-ci. Y exposait le trophée de sa hure malodorante afin qu’un sénile snob en galante compagnie pût s’extasier de ce pittoresque spectacle.
 
Eut il davantage d’entretiens avec les loutres, les campagnols, les étourneaux ?
 
Eut il le désir -non assouvi- du tuer son créancier ? De rompre la laisse par laquelle l’oiseleur le contraignit ? De garnir le paillasson de Sir Hamilton d’une royale fiente ?

vendredi 14 février 2020

Dystopie


Le « gouvernement pour la joie du peuple » de mèche avec les sept autres organismes les plus riches de la Terre, décide, et ce afin de résoudre la crise écologique, de priver les autres pays : d’eau, de gaz, d’électricité…

Les centrales {à charbon} et les puits de pétrole bombardés laissent place peu à peu à des ilots concentriques où végètent de terrifiques « bûchers » (qui contrastent avec les lumières des Las Végas limitrophes).

Des mesures draconiennes sont à l’étude pour limiter la propagation en CO2 des dits « feux de fortune » (ainsi des drones munis de lances à eau pourraient être déployés sur les jachères encore humanisées).