vendredi 8 mars 2019

Poètes 1 & 2


Elle retourne les pierres sur la plage. Il tend des fils de couleur rouge entre les arbres. Lorsqu’une abeille meurt, il ou elle creuse une ornière, y dépose l’insecte qu’il ou elle recouvre de feuilles. Adolescente, elle suivait des inconnus dans la rue (jusqu’au pas de leur porte) ; lui, téléphonait à des veuves ou à des folles, ne raccrochait jamais le premier. Lorsqu’ils se sont rencontrés, ils épluchaient des fruits dans un zoo pour les visiteurs : ils avaient eu la même fantasque idée ! Ils ont inventé une écriture énigmatique dont ils inondent les murs de la ville ; il ou elle tient le pot de peinture, il ou elle le pinceau. Sinon ils aiment déplacer des choses : des poubelles dont ils colonisent les abris de bus, du linge qu’ils volent et qu’ils amoncèlent dans les couloirs du métro, de la vaisselle qu’ils brisent dans des boîtes aux lettres. Rarement ils se font molester, lorsque cela arrive, ils se bouchent conjointement les oreilles, la bouche, le nez ; aussi n’est-il pas surprenant qu’ils soient pris pour des idiots !


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stress-test du poète

"un poète n'est pas plus utile à la société qu'un bon joueur de quilles" Malherbe
"parasite sacré" Michel Houellebecq



Définitions de la poésie :
  • une cautère sur une jambe de bois
  • injecter du désordre dans l’ordre (équivaut à éloigner la culture au profit de la nature) : une prose rudérale en guise de cataplasme
 
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Poésie : entité métabolisée par le malheur, organique en ce sens qu’elle est surgissement/débordement, n’ayant été créée que par l’impérieuse nécessité d’être : jaillissement qui, contrit, oblige à la mort (comme le dard de la guêpe qui lui arrache l’abdomen, comme le magma en fusion qui se pétrifie hors de la marmite).
 
Définition de la poésie : arracher la fleur !
 

versus

Si certains abordent la poésie depuis les extérieurs, triturant des textes déjà rédigés (objectivistes) ou s’ingéniant à force de contraintes (Oulipo), pour ma part, et quand bien même cette exigence est rendu illusoire par l’héritage phénoménologique où un point n’existe pas puisqu’il est toujours possible de zoomer dans ce dernier (le centre absolu de la cible ne saurait être atteint) je préfère croire qu’il est possible -par je ne sais quel truchement- de surseoir à la rigidité du langage en excavant des pépites issues du magma (et où d’invisibles énigmes remontent par le jeu complexe d’une intuition mâtinée de magie), qu’un élan vital existe et qu’il appartient aux poètes de l’encenser.


: l'orpailleur

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Poète : ambassadeur du chiffre (puisqu’il effectue de la programmation)
 ...


poète programmateur…
 
                       oxymore ?
 
cela semble très antinomique avec la liberté lui est consubstantielle ; ou peut-être qu’un instaurant un « bruit » -en définitive régénérateur- ce subterfuge soit le seul moyen de saborder ce système autoréférencé et mortifère.