Elle retourne les pierres sur la
plage. Il tend des fils de couleur rouge entre les arbres. Lorsqu’une abeille
meurt, il ou elle creuse une ornière, y dépose l’insecte qu’il ou elle recouvre
de feuilles. Adolescente, elle suivait des inconnus dans la rue (jusqu’au pas
de leur porte) ; lui, téléphonait à des veuves ou à des folles, ne
raccrochait jamais le premier. Lorsqu’ils se sont rencontrés, ils épluchaient
des fruits dans un zoo pour les visiteurs : ils avaient eu la même
fantasque idée ! Ils ont inventé une écriture énigmatique dont ils inondent
les murs de la ville ; il ou elle tient le pot de peinture, il ou elle le
pinceau. Sinon ils aiment déplacer des choses : des poubelles dont ils
colonisent les abris de bus, du linge qu’ils volent et qu’ils amoncèlent dans
les couloirs du métro, de la vaisselle qu’ils brisent dans des boîtes aux
lettres. Rarement ils se font molester, lorsque cela arrive, ils se bouchent
conjointement les oreilles, la bouche, le nez ; aussi n’est-il pas
surprenant qu’ils soient pris pour des idiots !
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stress-test du poète
"un poète n'est pas plus utile à la société qu'un bon joueur de quilles" Malherbe
"parasite sacré" Michel Houellebecq
Définitions de la poésie :
- une cautère sur une jambe de bois
- injecter du désordre dans l’ordre (équivaut à éloigner la culture au profit de la nature) : une prose rudérale en guise de cataplasme
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Poésie : entité métabolisée
par le malheur, organique en ce sens qu’elle est surgissement/débordement, n’ayant
été créée que par l’impérieuse nécessité d’être : jaillissement qui,
contrit, oblige à la mort (comme le dard de la guêpe qui lui arrache l’abdomen,
comme le magma en fusion qui se pétrifie hors de la marmite).
Définition de la
poésie : arracher la fleur !
versus
Si certains abordent la poésie
depuis les extérieurs, triturant des textes déjà rédigés (objectivistes) ou
s’ingéniant à force de contraintes (Oulipo), pour ma part, et quand bien même
cette exigence est rendu illusoire par l’héritage phénoménologique où un point
n’existe pas puisqu’il est toujours possible de zoomer dans ce dernier (le
centre absolu de la cible ne saurait être atteint) je préfère croire qu’il est
possible -par je ne sais quel truchement- de surseoir à la rigidité du langage en
excavant des pépites issues du magma (et où d’invisibles énigmes remontent par
le jeu complexe d’une intuition mâtinée de magie), qu’un élan vital existe et qu’il
appartient aux poètes de l’encenser.
: l'orpailleur
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Poète : ambassadeur du
chiffre (puisqu’il effectue de la programmation)
...
poète programmateur…
oxymore ?
cela semble
très antinomique avec la liberté lui est consubstantielle ; ou peut-être
qu’un instaurant un « bruit » -en définitive régénérateur- ce
subterfuge soit le seul moyen de saborder ce système autoréférencé et
mortifère.