jeudi 8 septembre 2022

Portrait entropique


« les valises qui n’ont jamais vu la mer »

-tel un boxeur
la trogne pleine de gnons-

le crâne a avalé les yeux
qui en explosions sourdes
ont coulé en dehors des cavités
comme autant de bougies que l’on aurait oubliées (d’étreindre)
et qui se seraient asphyxiées de leurs propres eaux.

-tel un boxeur
la trogne pleine de gnons-

la margelle y est grise : on jetterait bien
dans cette béance des cailloux
afin de vérifier s’il y niche ou non
une bête mais personne ne s’y risque
tant le pourtours inquiète

-tel un boxeur
la trogne pleine de gnons-

la déliquescence a pour corollaire
l’odeur du tabac froid : on traine sur ce tarmac
comme dans les lieux déshumanisés
-centres commerciaux, hôtels périurbains, bistrots miteux-
un regard inexpressif et anxieux que rien n’oppose


//////////////////////////////////////////////////////////////////

quelqu’un a jeté des pierres
au fond d’un puits vous dis-je ;
le sortilège a secoué sa poupée
tant et si bien que la tête s’est désolidarisée

les rats dans ce vestibule
tournent en rond, s’entredévorent

bouillie de fatigue
la peau des yeux se parcheminent ;
à l’aube on fait la lecture du malheur

après la tige de l’épuisement
la fleur de la mort

//////////////////////////////////////////////////////////////////



Une auréole de désolation


il y eut d’abord
les épaules
pailletés de salpêtre
quelques arbres déracinés
puis une clairière
aussi obscène qu’un nid
de sorte qu’il se plaçait
toujours face à son interlocuteur
quittant ce dernier à reculons

il se réveilla un matin
avec une déflagration
dans le cuir chevelu
trépané, tonsuré de vide

aucune mode ne vint opportunément à la rescousse
il hésita entre la kipa et le képi ; ne fit rien !


les dernières feuilles tombèrent à l’automne de sa vie

vendredi 10 juin 2022

fusées


un zeste de citron
des agrumes épluchés
du champagne dans un verre qui piaille
des baisers qui ont gardé du sel l’inextinguible
l’eau chaude qui dégouline
les jambes nues
le sein entraperçu
le vert de la forêt
la caresse d’un compliment à peine déguisé et dont on suit les jouissifs frissons
l’œil qui pétille
la bonne étoile
le pied de menthe chahuté qui délivre son givre
l’attente de l’être aimé
le tremblement d’une feuille dans une main ou sur un trottoir
l’offrande du soleil ou de la pluie
la légèreté de la libellule
les nuages qui s’effilochent

jeudi 6 janvier 2022

(théorie de) L’attention…


____...sur la route côtière
la présence des lapins
________la dispute à la beauté des vagues ;

le cuir de celles-ci
ondule un drapeau mou zébré
de milliers de lassos
lancés
on ne sait où par on ne sait qui

_____la mer peut cuire son œuf autant qu’elle veut
l’œil revient au pré…
_______de-ci de-là
___________________au creux d’une motte ;
dans la luzerne,
____sur la margelle d’un trou d’obus à demi éboulé,
se signale le pelage fauve de ceux qui n’avancent que pieds joints
; en bondissant ;

ce qui -ce me semble- colporte joie et ridicule au furtif et à l’inconsidéré de leurs courses éparpillées

derrière le barbelé…
______…les enfants tiennent comptabilité des V de la victoire